Il y a deux semaines, lors de Watches and Wonders, Rolex a dévoilé sa nouvelle collection pour 2022… Quelque chose que vous n’avez guère manqué, j’imagine. Comme d’habitude, la Couronne a partagé ses lancements entre deux modèles phares (la Air-King et la Lefty GMT-Master II) et quelques évolutions de modèles existants. Dans l’ensemble, la façon typique de faire de Rolex, avec une évolution plutôt conservatrice de la collection plutôt que quelque chose d’entièrement nouveau. Cette année, cependant, j’ai personnellement trouvé que la Couronne était un peu plus créative que d’habitude – relativement parlant, bien sûr. Une Destro GMT d’un côté et une refonte du modèle le plus controversé de l’autre. Aujourd’hui, nous allons nous intéresser de près à la nouvelle Rolex Air-King 126900, une montre qui reste une sorte d’exception au sein de la collection, une montre qui conserve son aspect général, mais une montre qui a changé plus qu’on ne pourrait le penser au premier abord.
L’AIR-KING AU FIL DES ANS
Plus encore que l’Explorer, la Rolex Air-King a tendance à être négligée et moins considérée que des modèles tels que la Submariner, la GMT-Master ou la Datejust. L’une des collections les plus durables de la marque, l’Air-King a été lancée en 1945 et se voulait un modèle d’entrée de gamme, faisant suite aux multiples montres “Air” produites par Rolex pendant la Seconde Guerre mondiale pour les pilotes. Mesurant 34 mm de diamètre, elle était plutôt grande à l’époque – d’où le “King” dans le nom – mais c’était aussi une montre à temps unique assez simple.
Plusieurs références anciennes seront fabriquées – 4925, 4499 ou 6652 – mais c’est surtout la référence ultérieure 5500, une montre lancée en 1957 et produite pendant plus de 30 ans, qui lui donnera sa popularité. Un boîtier Oyster de 34 mm, un calibre automatique 1520 ou 1530, un look classique avec un cadran épuré, des index bâtons et un design sans fioritures… La Rolex Air-King 5500 est souvent considérée comme le petit frère de l’Explorer 1016, légèrement plus grande et encore plus instrumentale. Au cours de sa longue carrière, l’Air-King 5500 a connu de multiples évolutions mais est restée globalement la même montre Rolex Oyster, simple et d’un bon rapport qualité-prix. Outre le modèle à heure unique, Rolex a lancé en 1958 un modèle à date sous la référence 5700.
À la fin des années 1980, Rolex a mis à jour la Air-King avec un nouveau boîtier, un nouveau mouvement et surtout un nouveau design de cadran. La référence 14000 était en effet proposée pour certaines versions avec des marqueurs appliqués 3-6-9 (un peu comme sur l’Explorer, mais non lumineux) et des marqueurs bâtons entre eux. D’autres cadrans, plus classiques avec uniquement des marqueurs bâtons, étaient disponibles. Les mises à jour concernent l’arrivée du Calibre 3000 et des glaces saphir. Mais le diamètre de 34 mm est resté. La référence 14010 ajoute une lunette guillochée, pour un look plus luxueux. En 2000, ces montres recevront une mise à jour mécanique, avec le calibre 3130.
En 2007, Rolex a de nouveau mis à jour la Air-King avec les références 114200 (lunette lisse) et 114210 (lunette guillochée). Et si le mouvement de base reste le 3130, il est désormais certifié chronomètre. Cette collection d’entrée de gamme de 34 mm sera abandonnée en 2014. Et ce qui suivra sera une sacrée surprise. Pour une histoire détaillée de l’Air-King, jetez un œil à cet article de rescapement.com ici.
LA BIZARRERIE, LE ROI DE L’AIR 116900
Après une période de deux ans sans Air-King dans la collection, Rolex a surpris les masses avec l’un de ses modèles les plus audacieux à ce jour… Et un changement assez radical par rapport aux montres précédentes. Fini l’idée d’entrée de gamme. Fini le look discret. Fini le boîtier de 34 mm. La Rolex Air-King 116900 2016 était bien plus grande, flashy, et conçue comme rien d’autre que la marque n’avait jamais produit. Et voici qu’arrive ce qui est certainement la montre la plus controversée que Rolex ait jamais sortie.
L’intention était claire : fabriquer une montre qui porte bien son nom, donc une montre de pilote. Mais le cadran étrange et polarisant de la 116900 n’est pas sorti du néant. Il a en fait été conçu d’après les instruments du tableau de bord de la Bloodhound Super Sonic Car, à laquelle Rolex s’est associée. La voiture n’a pas battu de records, et Rolex a abandonné le projet après un certain temps. Mais le design du cadran est resté et a fait de la Air-King, aujourd’hui de 40 mm, une montre tout à fait spéciale dans le portefeuille de la marque.
La 116900 est vaguement basée sur la Milgauss, avec le même boîtier de 40 mm, le même mouvement (calibre 3131) et le même ressort spiral bleu paramagnétique Parachrom – parce que les pilotes ont besoin de montres antimagnétiques. Le cadran présente non seulement une base noire brillante avec des chiffres 3-6-9 appliqués et un grand triangle à 12 heures, mais aussi des aiguilles Mercedes, une aiguille des secondes en forme de sucette verte, un logo Coronet jaune et de grands chiffres arabes toutes les 5 minutes. Vraiment, cela ne pourrait pas être plus polarisant…
LE NOUVEAU AIR-KING 126900
En regardant la collection Rolex actuelle, nous avons eu l’impression que la Air-King devait être mise à jour. C’était l’une des dernières montres dotées d’un mouvement 31xx, et comme la marque n’avait plus rien à voir avec Bloodhound SSC, tout le concept n’était plus vraiment pertinent. Et, pour être honnête, cette montre n’était pas vraiment un succès commercial et était considérée par beaucoup comme une bizarrerie… Le vilain petit canard de Rolex si vous voulez… Nous avons donc imaginé que la montre devait être remise au goût du jour, d’une manière radicalement différente.
Et oui, nous avions tort. Rolex s’en tient au concept original de 2016 et fabrique à nouveau une montre polarisante. Mais elle met également à jour à peu près chaque élément, faisant de cette Air-King 126900 une montre au look familier, mais néanmoins un modèle entièrement nouveau où pas une seule pièce n’est conservée. Bien sûr, nous parlons d’une évolution à la Rolex, et beaucoup diront qu’il s’agit fondamentalement de la même montre. Mais selon les normes Rolex, et en la regardant dans le détail, de nombreux éléments ont été mis à jour ou améliorés.
Commençons par le boîtier. Si le diamètre de 40 mm est conservé, le boîtier de la nouvelle Air-King 126900 a été entièrement revu en termes de formes et de proportions. Les formes d’abord, puisque toutes les facettes du boîtier sont désormais nettes et anguleuses, sans plus de surfaces bombées ou arrondies. Ceci est particulièrement visible sur les bracelets du boîtier, qui sont désormais droits et plats. Ensuite, Rolex a modifié les proportions, avec une lunette plus fine, en raison d’une plus grande ouverture du cadran (environ 0,8 mm). Les surfaces sont toujours brossées sur les parties plates, et polies sur la lunette et les côtés. Ces deux facteurs combinés profitent à la modernité et à l’élancement de la montre, qui semble visuellement plus légère, plus contemporaine et plus raffinée à la fois. De plus, même si le boîtier est toujours étanche à 100m, j’ai eu la sensation que l’Air-King 126900 était légèrement plus fine qu’avant – ce qui sera confirmé plus tard lorsque nous aurons vraiment le temps de mesurer la montre au bureau.
D’autres évolutions sont à noter, comme la plus grande largeur des cornes – quelque chose que nous avons vu dans des introductions récentes, comme la Submariner ou l’Explorer II, ce qui signifie également un bracelet plus grand d’environ 0,5 mm, et des cornes plus fines aussi. Là encore, un bon point pour la minceur de la montre. La Air-King est toujours équipée d’une couronne à double verrouillage et d’un fond vissé, mais le verre saphir plat est enfin doté d’un revêtement antireflet. Le changement le plus évident est la présence d’un module de protection de la couronne, qui est une première pour une Rolex Air-King. Cela peut sembler être un détail, mais cela change radicalement la sensation du boîtier sur le poignet, et ajoute à la sensation d’outil de cette montre de pilote. Personnellement, je l’aime bien et je pense qu’il apporte une personnalité nouvelle et unique à la 126900.
Le même type d’évolution peut être observé sur le cadran de la Rolex Air-King 126900. Au premier abord, on a l’impression qu’il s’agit de quelques changements mineurs par rapport à la génération précédente 116900, mais en réalité, de nombreux éléments ont été mis à jour. Tout d’abord, et alors que la base reste en laque noire brillante, le cadran est plus grand qu’auparavant – et sachant combien de marqueurs et d’indices il y a sur ce cadran, ce n’est pas une mauvaise idée. Cela profite à la lisibilité et à la clarté générales de l’affichage. Deuxièmement, tous les éléments ont été redimensionnés ou redessinés. Les index appliqués en or blanc 3-6-9 rappellent toujours l’Explorer, et tout comme cette montre, ils sont désormais remplis de matière lumineuse Chromalight. Il en va de même pour le triangle à 12 heures, même si cet élément était déjà lumineux dans la 116900.
Ensuite, si vous regardez de près les marqueurs 5 minutes, ils ont également été remodelés, et la police de caractères est désormais assez fine, tandis que la piste des minutes sur la périphérie du cadran est plus audacieuse que dans la génération précédente. Le tout est plus cohérent. Dans un souci de symétrie visuelle, le repère à 1 heure n’affiche plus ” 5 ” mais est désormais imprimé ” 05 “, ce qui rend le cadran plus équilibré, faisant ainsi écho au 55 situé de l’autre côté du repère triangulaire. Dans l’ensemble, le cadran semble plus net et mieux conçu, même s’il reste une sorte de bizarrerie et ne ressemble à rien d’autre dans la collection de la marque. Il est toujours aussi polarisant et audacieux, mais simplement mieux défini qu’auparavant.
En continuant avec le cadran, vous remarquerez que les aiguilles ont également été redimensionnées, en particulier l’aiguille des heures Mercedes qui est plus longue et légèrement plus fine sur cette 126900. Ce qui n’a pas changé, c’est l’audacieuse combinaison de couleurs et de polices de caractères, avec une couronne jaune, un logo Rolex vert avec la mention ” Oyster Perpetual ” blanche, le logo Air-King d’aspect vintage et l’indication Chronomètre blanche, ainsi que l’aiguille des secondes verte en forme de sucette. Mais soyons honnêtes, c’est cette audace qui peut rendre la Air-King moderne attrayante pour certains amateurs de montres, même si une bonne partie de la communauté des collectionneurs ne l’apprécie pas. C’est vrai, l’Air-King est fièrement différente.
A l’occasion de l’introduction de la nouvelle référence 126900, la Rolex Air-King a également revu son bracelet. Comme indiqué, il est désormais plus large qu’auparavant entre les cornes. Il est toujours en Oystersteel, brossé sur les surfaces planes et poli sur les côtés. La construction et le confort sont… typiques de Rolex. Ce qui est nouveau, c’est la présence désormais de la boucle de sécurité déployante Oysterlock avec le maillon d’extension confort Easylink – qui permet d’allonger le bracelet d’environ 5 mm, particulièrement utile en été. Au poignet, la Air-King 126900 se porte comme la plupart des montres Rolex de 40 mm, c’est-à-dire qu’elle a de la prestance, mais elle est aussi confortable et bien équilibrée.
L’évolution principale, mais invisible, de la Rolex Oyster Perpetual Air-King 126900 se trouve à l’intérieur du boîtier, puisque le calibre 3131 est remplacé par le calibre moderne 3230, que l’on retrouve dans la plupart des montres à remontage automatique de la Couronne(Explorer 36 mm, Submariner No Date, Oyster Perpetual). Il s’agit donc d’un Chronomètre Superlatif, avec une précision de -2/+2 et il est doté de l’échappement Chronergy, une nouvelle géométrie qui, associée à un nouveau barillet et à un train d’engrenages plus efficace, permet une réserve de marche étendue à 70 heures. Le mouvement fonctionne toujours à 4Hz et dispose d’une fourchette de palette et d’une roue d’échappement en nickel-phosphore amagnétique, ainsi que du ressort Parachrom paramagnétique bleu.
PENSÉES
Objectivement, le nouveau Air-King 126900 est un meilleur produit qu’auparavant. Le boîtier s’inscrit davantage dans la lignée des modèles récents et est plus net, plus agréable à porter et plus épuré. On peut en dire autant du cadran, qui est tout simplement beaucoup mieux défini, plus équilibré, plus lisible et plus contrasté. Les améliorations sont également multiples en ce qui concerne le bracelet/fermeture, le mouvement ou encore le revêtement AR du verre. Alors oui, pour à peu près le même prix qu’avant (+200 euros pour être précis), vous obtenez tout simplement plus.
Maintenant, de manière plus subjective, je dois dire que, même si beaucoup de choses ont évolué, je suis presque sûr que cela ne suffira pas à faire changer d’avis ceux qui n’aimaient pas la génération précédente. La Air-King était et reste une montre audacieuse, différente et polarisante. Mais même si elle avait ses détracteurs, elle avait aussi ses partisans et ceux-ci seront certainement très satisfaits par le modèle mis à jour. Enfin, pour ceux qui, comme moi, étaient en quelque sorte attirés par le cadran mais trouvaient la montre peu attrayante sur certains aspects du boîtier, je dois dire que les proportions redéfinies, les lignes plus nettes et plus angulaires, le nouveau protège-couronne, le cadran plus grand et mieux défini sont autant d’arguments pour me faire changer de position vis-à-vis de la plus étrange des montres Rolex. Elle était bizarrement séduisante, et elle est maintenant tout simplement cool, devenant une “montre à considérer”.
DISPONIBILITÉ ET PRIX
La Rolex Oyster Perpetual Air-King 126900 est désormais disponible (sous liste d’attente, bien sûr) chez les détaillants et a déjà remplacé la génération précédente en magasin. Son prix est de 6 950 euros ou 7 000 francs suisses.
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